mercredi 18 août 2021

En Plomodiern








Lestrevet ( début de la lieue de grève ) Kervigen que vous avez vu l'autre jour  - Pors ar Vag  sur la commune de Plomodiern  et Pentrez sur celle de St Nic ( à l'autre bout de la lieue de grève ) Des plages de rêve.

Ce n'est pas que j'y allais beaucoup sur ces plages lorsqu'enfant et adolescente mes parents me confiaient à Margot et à la Mam de Ty- Rous oàu à la Tante Louise de Lessirguy car il y avait toujours plus à faire que de faire la touriste : cueillir les haricots, les équeuter,  ramener les vaches, récolter les oeufs,  écossser les petits pois ou ramasser les pommes de terre , mais le dimanche on pouvait y aller quelques heures . 

J'appelais les touristes "les tout risques" . Je croyais à 10 ans qu'on les appelait comme ça parce qu'ils osaient s'aventurer jusqu'à chez nous  en automobile à leurs risques et périls ! 

Plus grande , alors qu'il me faisait rejoindre Pentrez ,je me suis souvent faite larguer sur cette plage la nuit à la sortie du bal qui se tenait à l'hôtel du roi Gradlon à Lestrevet ( un roi mythique d'Armorique, père de Dahut)  si je n'acceptais pas de donner un baiser pour payer la traversée de ce désert salé ...Nous roulions sur le sable conscient que nous étions de fouler la ville d'Ys engloutie ! 

Au loin le Menez Hom d'où l'on ramenait des charrettes de foin .


Cette région était le berceau de ma famille maternelle mais je n'étais pas née là . J'aurais donné beaucoup pour l'être! Alors je me nourrissais de légende :

Lors d'une chasse, séparé de son entourage, le roi  Gradlon se perdit dans la grande forêt du Ménez-Hom. Presque mort d'épuisement et de faim, il tombe par hasard sur l'ermitage de saint Corentin (maintenant Plomodiern). Saint Corentin possède un poisson merveilleux dont il coupe la moitié pour se sustenter chaque jour et qu'il retrouve entier chaque matin. Le saint, partageant quotidiennement son repas avec le roi, lui redonne la santé. En récompense de son hospitalité, Gradlon fit de saint Corentin le premier évêque de Cornouaille... et de Quimper.


Je me nourrissais encore plus de tendresse 

Je me sentais libre la-bas . Pépère le mari de "Mam" ( la Tante MarieJan  de ma mère )  m'emmenait au bistrot boire de la grenadine et il avait toujours des bonbons dans la poche 

Mam me laissait boire de la crème entière à la sortie de l'écrémeuse et  sa fille Margot - la future Maman de Marie L.- m'apprenait à faire des dessins sur le beurre 

Un des deux  fils Hervé était tuberculeux, il envoyait du sanatorium, de petits chevaux de cuir rouge qui m'évoquaient la Russie et les steppes . L'autre, Tin habitait Brest . Du coup on le pensait aisé ! 

Je pouvais grimper aux arbres, manger des pommes pas mûres , des poires, des figues même,  aller acheter le pain , ramasser les mûres , chercher les premières noisettes, faire couler dans la bouche une giclée de lait chaud en direct des pis des vaches. Cuire les pommes de terre dans le gros chaudron. posé sur son trépied, ramasser du petit bois.  Allumer sous la lessiveuse. Baratter. Jouer avec le chien . Fantasmer avec ma copine Annick de St Nic, qui vit à Saint Brieuc et que je vois toujours.  Boire du lait ribot à volonté avant que l'on en donne au veaux.  Apporter le son pour la pâtée des cochons. On en tuerait un à l'heure du battage quand les fermiers d'un même coin louerait la moissonneuse batteuse qui parfois appartenait à "un américain" - un breton émigré- Alors on irait de ferme en fermette  faire ripaille  de côtelettes , de saucisses et de boudin et enfouir nos mains jusqu'aux coudes dans l'e blé d'or  de l'année 



Un jour, à l'aube de ma seizième année, flirtant au bord d'une crique, sur un rocher avec un forain lorientais  que je retrouvais d'été en été , je faillis noyer. Je ne m'en vantai pas en regagnant la ferme de St Nic à peine    sauvée!  Quand mon père, à Lanester, lut dans le journal le lendemain  matin qu'une jeune morbihanaise  avait mis en danger la vie d'un "sauveteur breton", père de  6 enfants, rien qu'aux initiales  A.C il reconnut sa fille mineure et  indisciplinée et dans les 3 heures après une bonne raclée, j'ai été ramenée à la maison et à la raison et mes belles vacances finistériennes ont été à jamais terminées. La vieille  tante prétendait en avoir fait une attaque !  Je sais que le forain en question qui doit avoir 82 ans  maintenant vendait il y a peu de temps  encore des tapis  sur le marché de Douarnenez car il a raconté cette histoire  de la noyade manquée, il y a quelques années lors d'un diner auquel mon amie Annick   assistait.  Elle a pu 55 ans après lui dire qu'elle me connaissait  et lui rappeler mon prénom .....Il espérait bien me revoir un dimanche au marché . mais bien que ce soit en France mon paradis favori , j'y vais  trop peu. Surtout maintenant que Margot et son merveilleux René nous ont quittés.Que tous les cousins  ou presque sont décédés 

Et si je vous raconte ça aujourd'hui c'est que mon amie autrichienne Sonja y est avec Oli, pour 3 nuit de camping ,et qu'elle m'a envoyé ces magnifiques  photos qui me replongent dans ces souvenirs  d'antan, ravivant un amour du coin qui ne s'est jamais démenti. Et dans une certaine nostalgie. 





Bruyères mauves  et ajoncs d'or , la lande se donne ....dans toute sa splendeur .  Fraicheur de l'air marin. senteur des pins . Comment ne pas s'abandonner aux songes de son coeur ?  S'emplir de douceur ? Et que la Normandie me pardonne mais quand la mer au ciel la-bas se marie , même habillée de gris , quand on entend le pas léger des fées, qui viennent à la cérémonie , mais quel honneur , mais quel bonheur, d'être Bretonne ! .


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