Cette super lune ne m'aura pas porté chance .Au-delà de la nuit qui la précédait, où je fus insomniaque comme pratiquement chaque mois , je voulais, comme chaque mois, pratiquement aussi en faire un jour spécial . J'avais acheté des guirlandes de fleurs pour décorer ma chambre, demandé à Sarita de particulièrement soigner le ménage pendant que je m'en allais, et, délice suprême, me faire masser une heure par Salman . Un régal ! Un petit stop à la boutique . Une petite tasse de thé sur la terrasse au retour, en riant avec Sarita, qui finissait son grand ménage de la dizaine (change de literie , vitres, sols à fond, arrosage des plantes, etc.) Et me voilà pressée de me laver la tête , allez savoir pourquoi . Et là, jetant mes chaussures et mon orthèse d'un air amusé, je m'avance pieds nus vers la salle de bains sans réaliser que le sol était encore humide, et surtout que mes pieds étaient encore huilés! Ce qui devait arriver, donc, arriva : je fis un vol plané, tombai lourdement en me cognant violemment le dos sur l'angle bien aigu d'une marche carrelée . Il était 14 heures. La douleur fut telle que j'en perdis connaissance plusieurs fois, pendant quelques minutes, l'espace d'une demi-heure , et que je me mis à vomir très régulièrement. Pour le reste, il était évident qu'au moins 2 côtes étaient fêlées, sinon cassées. Ce qui fait que, quand je fus conduite en ambulance au petit hôpital de Chaudy à 4 kilomètres, étant incapable de préciser exactement si je m'étais ou non cogné la tête car je ne m'en souvenais plus, les medeçins craignant une hémorragie, il fut promptement décidé que l'ambulancier me conduirait en urgence à une heure d'ici, au grand hôpital de Margao où ils pourraient pratiquer un scanner cerebral
Je ne vous dis pas le trauma d'être dans cette vieille ambulance, lancée à vive allure sur les routes cabossées, sans se soucier de savoir ce que chaque trou, chaque bosse entraînaient de douleurs. Il fallut s'accrocher pendant cette heure de route, car en plus, pendant les 58 km qui séparent les deux villes, il a klaxonné sans arrêt sur ces routes toujours très fréquentées.
Enfin vers 16H nous voici au grand hôpital de Margao construit il y a 30 ans ( en 1994 je crois)
Ce n'est pas l'Europe . N'oublions pas qu'ils ont dépassé le milliard 479 millions d'habitants ! Le milliard et demi n'est pas loin. Alors je n'aurais pas dû être surprise de trouver dans la chambre commune où je fus conduite quelques 200 lits dont l'un allait être le mien pour 1 euro la nuit soit 100 roupies.
Le calcul est simple : le dortoir est ouvert ; il y a 12 boxes ouverts, de chaque côté d'une allée centrale , soit 24 boxes, et dans chaque boxe 5 lits (parfois seulement 4) qui se font face. Dans le dortoir où j'étais (il paraît qu'il en existe une dizaine ! ), il y avait des gens de tous âges, mélangés : des vieux, des enfants, même très petits, des nourrissons qui étaient là avec leur mère hospitalisée. Je pense que c'était le dortoir des urgences . Les examens furent promptement faits, agrémentés de cris que je ne pouvais retenir quand on me passait d'un brancard sur la table de radio ou quand l'on me positionnait dans le scanner. (8 euros le scanner !!! 7 euros la radio) Rien au cerveau . Fêlures de deux dorsales . Je continue à parier plutôt pour les cassures, puisque je ne peux ni me lever ni me coucher seule, ni rire, ni tousser, ni prendre plus d'un inspir à la fois ! Les amis, je ne suis pas sortie de l'auberge . Mais je suis sortie de cette cour des miracles, n'envisageant pas de passer une seconde nuit dans ce brouhaha !
On doit y venir accompagné(e) par une seule personne dans cet hôpital national, mais on ne peut y venir seul(e). C'est dire que si chacun(e) a son accompagnant, 400 personnes dorment là , moitié dans un lit d'hôpital, moitié au pied d'un de ces lits dont le matelas est encore garni de crin de cheval. Somesh, qui venait déjà de perdre une journée de travail en tant que M. Tuk Tuk , devait rentrer en bus, fermer la boutique de sa femme et revenir le lendemain, ce matin. Il fallait donc qu'il soit remplacé . Dans un dortoir qui a 160 à 200 personnes, il n'y aurait pas assez d'infirmières ou d'aides soignantes d enuit pour couvrir l'un, découvrir l'autre retendre un drap, couvrir un pied, remonter l'oreiller A lors il y a une dizaine de femmes qui attendent a l'entrée de l'hopital, leur couverture sous le bras, qui va les engager pour la nuit de garde. 1000 roupies, soit 10 euros, les 12 heures




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