samedi 17 juillet 2021

La douleur



 La douleur chronique ce n'est pas juste de la douleur 

C'est aussi de la frustration , de la tristesse, de l'anxiété ( Vais-je enfin pouvoir dormir. Que faire si ça empire, si ça reste comme ça ?  Que faire dans 5 ans, dans 10 ? ) Une forme de repli sur soi, de dépression, d'inquiétude latente, de colère, de culpabilité aussi. 

C'est pleurer le passé ( encore qu'aussi loin que je me souvienne, j'ai eu des douleurs, douleurs au dos, douleur au pied, difficultés à marcher. Suivi au cours des années de douleurs aux hanches, aux genoux trop sollicités ).Survivre au présent qui semble si lent . Craindre un avenir à n'en plus finir . C'est aussi se sentir différent à chaque instant . C'est dépendre de tant et tant  et de choses et de gens : des médicaments, des circonstances, de la météo même, de qui vous accompagne sans pouvoir se mettre à votre place évidemment. C'est avoir peur de manquer s'il fallait un établissement spécialisé pendant des années. C'est subir des moqueries parfois, des regards appuyés. Etre imitée par les enfants peu inhibés  

C'est se lever chaque matin  quasi épuisée alors qu'il va bien falloir la vivre  pourtant cette journée et  se préparer à faire face et à le faire avec un sourire, avec le moins de larmes et de lamentations  possible pour nous-m'aime, pour nos familles qu'il ne faut pas inquiéter, pour nos amis qui n'ont pas en plus à en pâtir. Et puis c'est reparti : vais-je pouvoir dormir sans que le moindre mouvement ne m'en empêche? N'ai-je pas été trop impatiente des cris de mes petits enfants que pourtant j'aime tant? N'ai-je pas pas trop contrainte ma petite fille qui m'a menée au RER? N'ai-je pas pris trop de temps à ma fille qui a eu la gentillesse de me déposer ? ....Et ainsi va la nuit !  Et ainsi va la vie ...

Et c'est pourtant aussi cette douleur permanente qui nous déchire  qui nous fait prendre conscience de la beauté de l'existence, de sa valeur profonde , et qui nous permet de vivre à coeur ouvert car la compassion, l'identification ça nous parle et l'Amour est probablement le seul véritable onguent.  

But as Maria Oliver : 

"When it's over, I want to say: all my life I was a bride married to amazement. I was the bridegroom, taking the world into my arms.
When it's over, I don't want to wonder if I have made of my life something particular, and real. I don't want to find myself sighing and frightened, or full of argument.
I don't want to end up simply having visited this world."
- Mary Oliver


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