mardi 4 janvier 2022

Opportunité de solidarité

 

La gestion de la pandémie est-elle solidaire selon vous ?
Je serai le dernier à vouloir juger une société. Bien sûr, il y a le mauvais comme le meilleur et c’est un cadeau qu’on ait pu enfin réaliser l’extrême bienveillance du personnel soignant, des employés des magasins… On galope de plus en plus vers un individualisme forcené et si la crise permettait de remettre en cause ces schémas, on pourrait avancer sacrément. D’urgence, il faut réhabiliter le « nous ». Une société n’est pas un parcage de « je », d’entités séparées : c’est la réunion de femmes et d’hommes libres et généreux.
Croyez-vous que les choses vont vraiment changer avec cette crise ?
Le monde d’après ? J’attends pour voir… Les jours où je n’ai pas trop le moral, j’ai tendance à croire qu’on va repartir comme en 40… Mais à force de courir droit dans le mur, peut-être commence-t-on à percevoir le danger. La solitude, l’isolement, l’injustice, la précarité des personnes. Ce constat, cette urgence peuvent amener à une mobilisation collective. L’individualisme n’est pas une fatalité. Justement, être rebelle, c’est s’insurger doucement contre la dictature du « moi je ».
La défiance à l’égard des vaccins, vous en pensez quoi ? Pourquoi se vaccine-t-on ?
Pour se protéger assurément, pour essayer de passer l’hiver comme me disait une voisine… mais aussi par solidarité. Au début du confinement, nos enfants ont d’emblée compris qu’il fallait respecter les gestes barrières pour protéger les plus vulnérables. J’ai été profondément touché. C’est la vraie solidarité. La tentation serait de vivre planqué, de ne penser qu’à soi alors que le vaccin permet de soulager les plus démunis, tous.

Un extrait d'une interview du philosophe suisse et handicapé Alexandre Jollien réalisée par Ouest-France

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