«Je pense qu'il faut faire très attention, sur cette question de la mort et de la joie. Le plus beau proverbe que je connaisse vient d'Egypte. C'est une injonction : "Ne fais jamais peur à quelqu'un, n'inspire jamais la peur à un autre être humain." Je trouve que c'est une sentence magnifique. Et j'y ajouterai : n'injurie jamais la douleur de l'autre, ne va pas trop vite, ne fais pas l'économie de ce que les autres vivent. Comment pourrais-je vous dire cela? J'ai de la joie à aller dans les endroits, même les moins éclairés qui soient. Je pense, par exemple, à des hôpitaux ou des maisons de retraite, endroits que je continue de fréquenter. J'ai une joie profonde à traverser les épaisseurs de grisaille, la dureté que le monde met sur certains visages à la fin d'une vie. J'éprouve une joie profonde à enlever tous ces voiles et à voir, soudain, deux yeux qui brûlent dans l'ombre. L'humain est un soleil. La vie, voilà la seule merveille. Et c'est la seule merveille non commercialisable. L'humain est un soleil que l'on peut aller chercher dessous les décombres, dessous la fatigue, dessous les pertes. Oui, la vie est très rude. Mais j'essaie de peindre, de livre en livre, le sourire que je vois sur ces lèvres. Malgré tout. Je connais la perte de qui on aime plus que tout. Et je le redis: la vie est peut-être cent milliards de fois plus belle que nous l'imaginons - ou que nous la vivons».
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