Par un Curieux Hasard - Stephan Schillinger
— Maître, je vis avec tellement d’angoisses au quotidien. J’ai tellement de choses à penser, à accomplir, tout me devient insurmontable, et j’ai parfois l’impression d’être à deux doigts de craquer. Que faire ?
— L’angoissé vit dans le futur, le dépressif vit dans le passé. Un jour tu comprendras qu’il n’y a rien à réussir, ni à accomplir, et encore moins à « gagner », qui ne trouve sa source dans le moment présent. Ce moment, qui, quand il est pleinement vécu, dissout les angoisses du futur et le poids du passé.
— C’est tellement facile à dire ! Je me suis toujours vue « en-haut », dans le haut du panier, et là j’ai l’impression de sombrer, de stagner dans ma vie, de ne plus être à la « hauteur » de mes objectifs.
— Il n’y a pas « d’en haut » : Il y a éventuellement un dedans, et un dehors. Et tu es terriblement en-dehors de toi. Nous sommes pollués par des attentes illégitimes envers la vie, qui, faut-il le rappeler, ne nous est pas due. Ces constructions mentales nous font dire qu’il faut arriver là, ou là-bas, remplir tel objectif pour arriver à telle situation, et entretiennent une insatisfaction permanente.
— A t’entendre, je dois comprendre que je suis responsable de tout, c'est ça ?
— Nous sommes souvent notre propre tortionnaire. Se préoccuper de son futur et ruminer son passé équivaut à passer la serpillière autour d’une baignoire dont le robinet est ouvert (ou faire le ménage dans une maison en feu). Tu n’es pas tes angoisses, tu n’es pas la serpillère, tu n’es pas l’eau qui coule. Il y’a un tyran en toi, ton mental, avec lequel tu refuses encore de rompre. Car il te dit : « si tu romps avec moi, tout ira mal, car tu ne contrôleras plus rien, et tu n’atteindras jamais ce que tu veux ». C’est son grand stratagème de défense. Nous ne sommes pas notre mental (nos pensées, ou nos croyances), puisque nous pouvons à tout moment l’observer nous torturer. Tu n’es déjà plus tout à fait cette personne qui passe la serpillère, puisque tu es à présent la spectatrice de cette scène.
— Il est clair que je me dis souvent : « Plus tard quand j’aurai ce job je serais heureuse. Plus tard quand j’aurai trouvé l’âme soeur je serais bien. Plus tard quand j’aurais telle situation je serais en paix… etc. »
— Tout ce que nous avons, à chaque seconde s’appelle « maintenant » et le « plus tard » et le « un jour » nous en sépare et nous en prive. Il est d’une impopulaire sagesse d’affirmer que : Celui qui n’est pas en mesure d’être heureux maintenant quelle que soit la situation, ne pourra jamais vraiment l’être profondément. Car rien d’extérieur n’apporte de paix profonde. Pose la serpillière et trouve le robinet..
Ne plus penser et ne plus vouloir, ne plus s’interroger sur le pourquoi et sur le comment, mais se contenter de laisser venir.
François Roustang
Et avoir one moi une foi absolu , savoir que tout est bien , "juste et bon" comme on disait à l'église ! Aller confiante , sans doute ....Mais quel cadeau du Ciel !
Dire" Merci pour ce qui a été "et" D 'accord pour ce qui vient ' est depuis ma 49eme année ma devise quotidienne . Il y a belle lurette que je laisse le mental jeuner . Les peurs finissent pas ne plus du tout l'alimenter .
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