samedi 17 décembre 2022

Quand le soir d'hiver devient nuit



Derrière les volets clos
De la maison endormie
Assis devant la cheminée
Il se souvient des jours passés
Et des Noëls de son enfance
On était loin de l'opulence
Avec peu il était heureux
Pour lui tout était merveilleux
Du chocolat et une orange
Une crèche avec des anges
Et la famille réunie
Pour la messe de minuit
Mais le monde a bien changé
Les gens sont insatisfaits
Et les enfants trop blasés
Cette fête a perdu son sens
Victime de la croissance
De notre monde moderne
Où tout n'est que balivernes
Déballage commercial
Et profusion sur les étals
L'argent a tout dénigré
Assis devant la cheminée
Le vieil homme vient de signer
Sur les chèques de son carnet
Des cadeaux aux petits enfants
Qu'il n'a pas vus depuis longtemps
Création : Richard Friend

Mon père nous racontait qu'en effet le cadeau était une orange ; que ce cadeau là était extra-ordinaire car ce serait la seule orange qu'il aurait de l'année.
Je me souviens que dans notre famille , une génération plus loin, nous recevions deux cadeaux mais deux cadeaux qui nous faisaient rêver des mois : un habit neuf que nous porterions le jour de Noël et un jouet qui pouvait être aussi gros qu'un vélo ou un cycle-rameur. Des chocolats déjà .
Ce qui comptait le plus c'était quand même la joie d'assister à la messe de minuit , l'excitation de descendre jusqu'à l'église en pleine nuit .  Et puis le réveillon ( un poulet rôti ou un rôti de veau sans doute) qui suivrait au Léhic chez notre Tante Florentine et notre oncle François . Je me souviens de la flambée dans la cheminée, des lampes à pétrole, ( y en avait-il déjà une à gaz aussi au centre ? ) des ombres sur le mur chaulé.

C'est pour le Nouvel An que nous aurions des livres . Ma mère était la seule à y veiller dans le village à ce type d'étrennes. Les autres enfants recevaient une pièce de leurs grands parents et c'était tout!

Mon père fabriquait la crèche . Une année, je devais avoir 8 ou 9 ans, il bâtit dans un coin de la cuisine , près de l'arbre qu'il allait en forêt couper lui-même, une église en carton (dessinant dessus des briques rouges), assez grande pour que nous puissions y entrer . A l'interieur : la crèche en papier rocher près d'un tapis de mousse fraîche. Imaginez la magie que ça représentait ....le souvenir merveilleux que j'en garde plus de 70 ans plus tard ...A cause de cette crèche , il lui fut dans le temps beaucoup pardonné !!!!

Une génération de plus, ma tendance eut été d'être raisonnable mais chacun de nos trois enfant avait certainement 3 cadeaux de notre part, choisis par eux sur les magazines de pub déjà , plus ceux des grands-parents , des tantes et oncles, parrains, marraines et amis proches . 

Je me souviens d'avoir eu subitement, alors que j'avais 35 ans une éruption d'eczéma sur le visage en voyant le dessous du sapin un 24 décembre à la campagne, si chargé de cadeaux que les enfants présents passaient de l'un à l'autre en y jetant à peine un oeil. Les parents séparés rivalisaient d'inventivité comme pour compenser . Le chagrin que j'éprouvai ce soir là ne s'est jamais complètement effacé. Cette fête a perdu son sens

C'est pourquoi ce poème me touche .

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