La seule chose qui me sépare de toi maintenant et qui me pousse à la folie par instants, c'est l'idée qu'un jour la mort vienne nous obliger à vivre l'un sans l'autre. Lorsque cette pensée s'empare de moi avec assez d'acuité pour me faire vivre, par exemple, un matin, avec l'idée que tu n'es plus là et que tu ne seras plus jamais là, toutes mes facultés se brouillent dans un chaos total, je me sens une terrible envie de vomir, et des sons de folie se font entendre partout en moi.
Lettre de Maria Casarès à Albert Camus le 15 septembre 1949.
Un chaos que j'ai tant vécu .Une frayeur dont j'ai du me vider . Ca m'aura pris presque 30 ans . D'un travail herculéen journalier . Et puis un jour à force de regarder la peur en face elle s'est comme écrasée, des sons de grâce ont remplacé les sons de la folie . Le calme s'est imposé . Et quand la mort est arrivée nous obliger à vivre l'un sans l'autre, j'ai vu que ce n'était même pas possible d'être mal heureux , que lorsqu'on a aimé c'est en fait pour toujours , que quand on a été vraiment accompagné on ne peut se sentir abandonné, et que la mort est bien moins profonde qu'un amour vécu . Alors la résilience s'installe , même pas comme un pansement nécessaire mais comme un léger voile si transparent qu'il est encore facile de voir ce qui se passe de l'autre côté.
" Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l'un à l'autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ?"
Maria Casarès à Albert Camus.
Parce que c'est ça le miracle : ça nous est donné ! L'âme est aux fourneaux , c'est elle qui se charge d'alimenter le feu, c'est elle le souffleur de verre, qui veille à ce que tout aille de façon lumineuse vers l'Uni . la mort comme la Vie .
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