Il continue son chemin et rencontre des femmes chargées de fagots de bois qui rentrent au village. Elles lui demandent :
- Où vas-tu garçon ?
L’enfant ne répond pas. Elles concluent donc que c’est un sourd muet égaré et le conduisent chez le chef du village. La nuit, le chef le couche à côté de sa plus jeune femme et de son bébé.
Dans la nuit profonde arrive l’amant de la femme. Aussitôt il veut s’en aller car cette présence étrangère le gêne.
- Ne t’inquiètes pas, le rassure la femme. C’est un enfant égaré sourd-muet que nous avons ramené des champs.
Le garçon ne dort pas mais fait semblant. Les amoureux causent jusqu’au premier chant du coq.
Sur le chemin du retour, l’amant se rend compte qu’il a oublié son fusil et retourne le chercher. Dans la précipitation, il prend l’arme par le canon, le fusil étant mal saisi, tombe à terre et une détente se produit, le bébé touché meurt.
- Rentre vite chez toi, conseille la femme, quand tu seras loin, je crierai que ce sourd muet a tué mon bébé.
Ainsi dit, ainsi fait. L’enfant est amené pieds et poings liés. Son cou doit être tranché dans les minutes qui suivent. Il prend alors la parole pour être son propre avocat :
- Écoutez, bonnes gens, je ne suis ni un sourd-muet, ni un assassin, je suis simplement un amoureux de la sagesse. Je suis à la recherche de la sagesse et j’ai vu ceci : un oiseau mourir pour avoir parlé. Depuis, j’ai opté pour le mutisme. Comme je constate que le silence peut aussi conduire à la mort, je vais donc tout vous dire.
Et il raconta tout pour être sauvé.
Ce qui prouve que si le silence est d'or, le discernement rend la parole d'argent !
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