jeudi 25 novembre 2021

Ouest-France : interview

 Emmanuelle Bercot. © Marechal Aurore/ABACA via Reuter

Quel est le point de départ du film ?

L’envie d’écrire un mélodrame dans lequel Catherine Deneuve jouerait la mère de Benoît Magimel. En tant que spectatrice, j’aime le mélo, même si en France il n’a pas bonne presse, comme si nous devions nous interdire l’effusion des sentiments. Bref, très vite l’idée de la maladie s’est imposée. Comment un homme de quarante ans peut-il se retrouver face à la mort ? Un accident aurait été trop brutal, je voulais filmer une traversée. Le cancer est malheureusement un sujet auquel tout le monde a été plus ou moins confronté directement.

Un film sur la maladie était-il facile à produire ?

Lorsque j’ai parlé de mon projet à mes partenaires, je leur ai exposé mon souhait de faire un film sur la mort qui réussisse à être lumineux et positif. C’était audacieux j’en conviens mais la rencontre avec le docteur Gabriel Sara a été une révélation.

C’est-à-dire ?

Lorsqu’il est venu me proposer de venir dans son service, au sein du Mount-Sinaï-Roosevelt Hospital de New-York, j’ai découvert une façon singulière d’envisager la maladie, emplie d’humanité et de bienveillance. Je me souviens par exemple de ce couple de danseurs dans la salle de chimio au milieu de patients, ou encore des sessions de chants avec Gabriel Sara à la guitare entouré de ses infirmiers et ses infirmières afin de désamorcer la pesanteur de leur travail. J’ai décidé d’introduire ces situations dans le film. Les questions liées à la maladie ne sont pas pour autant éludées. Le dialogue avec le patient peut même paraître brutal.


Le réel était-il nécessairement plus fort que la fiction ?

C’était un équilibre à trouver. Je ne voulais surtout rien m’interdire à l’écriture. Si le docteur Gabriel Sara a tenu à valider les parties qui le concernait, toute la dramaturgie liée à mes personnages m’appartenait. Lorsque vous faites un mélodrame, il ne faut parfois pas hésiter à pousser les curseurs au maximum.

.Recueilli par Thomas BAUREZ    Ouest-France 

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