lundi 29 novembre 2021

Un mélo revendiqué, un cheminement spirituel

 « De son vivant », le mélo revendiqué d’Emmanuelle Bercot sur la fin de vie

D’une douceur charismatique, cet homme radieux au français mélodieux avait conquis la cinéaste de « la Tête haute » (sur l’enfance inadaptée) et « la Fille de Brest » (sur le scandale du Mediator), alors de passage aux Etats-Unis. Il lui avait fait visiter son service, où il pratique une thérapie musicale et artistique, ne cache jamais la vérité aux malades condamnés, les invite à « ranger le bureau de leur vie »et à trouver, entourés de leurs proches, la paix intérieure. L’accompagnement du patient s’apparente, selon lui, à un cheminement spirituel

Un mélo revendiqué

Dans le film, il se consacre à Benjamin (Benoît Magimel), un « comédien raté » (sic) devenu prof de théâtre, atteint d’un cancer du pancréas, stade 4, que sa mère Crystal (Catherine Deneuve) couve d’un amour exclusif et désespéré. En quatre saisons, les dernières, Emmanuelle Bercot orchestre les adieux de cet homme jeune qui savait si bien enseigner à ses élèves l’art de se quitter, les gestes déchirants du renoncement. Elle le fait dans un service où des guitaristes et des danseurs de tango rendent le sourire aux sans-espoir et des aides-soignants confient leurs doutes et leurs larmes lors de séances collectives de débriefing qui se terminent en chansons.

« De son vivant » est un mélo revendiqué. Ici, la très fine Emmanuelle Bercot ne recule devant rien. Elle abuse de la musique (Desireless réinventée, Bach revisité). Elle va chercher en Australie le fils illégitime qui n’a jamais pardonné à son père. Elle fait entrer dans la chambre presque mortuaire une apprentie-comédienne, venue déclamer du Racine à son professeur. Elle allonge l’infirmière Eugénie (Cécile de France) sur le lit de Benjamin pour une ultime étreinte compassionnelle. Elle demande à Catherine Deneuve de porter dans ses bras et bercer, tel un nouveau-né, son grand garçon qui meurt de son vivant. Et plus elle bouscule les clichés, malmène les tabous, plonge le soleil dans l’eau froide, plus elle nous bouleverse et nous console. Ce film est palliatif.

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