Gabriel Garcia Marquez (prix Nobel de littérature 1982) à propos de Georges Brassens :
«Je ne le vis en personne qu’une seule fois, lors de sa première prestation à l’Olympia, et c’est pour moi un souvenir ineffaçable.
Il apparut dans les coulisses, non comme s'il était l'étoile de la soirée mais un machiniste égaré, avec ses énormes moustaches de Turc, ses cheveux ébouriffés et une paire de pauvres chaussures, pareilles à celles que devait mettre son père pour aller poser des briques.
C’était un ours gentil, avec les yeux les plus tristes que j’ai jamais vus, et un instinct poétique qui ne reculait devant rien.
Pendant cette soirée inoubliable à l’Olympia, il chanta comme jamais, comme consumé par cette peur innée de l'exhibition publique qui était la sienne ; et il nous était impossible de savoir si nous pleurions pour la beauté de ses chansons ou la compassion que nous inspirait la solitude de cet homme fait pour un autre monde et un autre temps.
C’était comme écouter François Villon en personne, ou un Rabelais perdu et féroce.»
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