samedi 9 novembre 2024

Bilan d'un 9 Novembre

 


Tout ce qui doit arriver arrivera, quels que soient vos efforts pour l’éviter; tout ce qui ne doit pas arriver n’arrivera pas, quels que soient vos efforts pour l’obtenir

J'entends par Ami Quelqu'un à Qui je me considère liée par l'Âme. Aujourd'hui se fête le 76ème anniversaire de naissance de Quelqu'un qui fut mon Ami .Une sorte de Ramana à lui tout seul ! Un penseur, un Aimant, un guide, une âme jumelle. Un frère d'Âme.

Du moins l'ai-je dit et l'ai-je cru. 

                                                   Le mont Kailash "The stairway to Heaven"

Cet Ami m'a abandonnée une première fois, j'avais 35 ans, j'ai failli en mourir. Mon mari qui me nourrissait à la petite cuillère tant j'étais, pendant des semaines, sidérée, m 'écrivit : "Ne meurs pas déjà,  je t'en supplie. Reste encore, au moins un peu, éclairer nos chemins, illuminer nos routes ". Je suis restée. J'ai juste perdu un pied. J'ai revisé les leçons que j'appelais " Les leçons de "l'Enfant-Phare." J'ai vu comment je créais la désespérance absolue, j'ai même compris pourquoi. "Change ta façon de penser, m'avait-il dit, avant de s'en aller, et tu changeras ta vie." Ca m'a pris des années de transformer le plomb de la détresse en l'or d'une joie inaltérable. Mais je l'ai fait. L'Ami m'avait remise, lorsque j'avais 33 ans, sur le chemin d'un engagement "sans retour". Il m'avait rendu le goût de l'Amour Pur,  la force d'oser vivre, quoi qu'il puisse m'en coûter, un Amour absolu. Il avait renforcé ma détermination. Il m'avait démontré que ce n'était pas l'Autre que j'avais à changer mais moi-même. Je lui en ai, finalement, été infiniment reconnaissante.  Car c'était pour grimper cette montagne là que je m'étais incarnée. Pour gravir la montagne vertigineuse, dangereuse mais prodigieuse d'un amour conjugal stable et parvenir à déposer, un jour, à son sommet, le drapeau d'un contrat respecté, d'une promesse tenue. En partant, il m'avait laissé "le Mont Analogue" sous la forme de la Doon Hill, que je voyais de ma fenêtre, afin que je m'en souvienne.


Au bout de 18 ans, L'Ami tel un Ulysse de pacotille est revenu sans revenir.  

Et puis, 25 ans plus tard,  il est à nouveau reparti.  Comme la première fois, d'une minute à l'autre, sans crier gare. Il avait ses raisons sans doute. Je ne les discute pas. Cette fois, ce n'était plus mon histoire.  Je savais maintenant  que nous forgeons nos mondes, que tout ce qui nous arrive a une bonne raison d'être, qu'il est plus simple d'avoir en l'Univers une absolue confiance. J'étais comme "par avance"  emplie de gratitude, ne serait-ce que d'avoir l'opportunité de mesurer le chemin parcouru. De pouvoir vérifier et évaluer en moi la métamorphose. Il faut dire qu'entre temps j'avais voyagé. A l'extérieur certes, des années d'affilée, mais au-dedans surtout. Je connaissais d'expérience, le conseil 9:17 de Matthieu " On ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues... " J'avais grandi, j'avais changé de peau. Ma nouvelle outre était solide et à ras-bord emplie. J'étais passée dans un autre monde, dans un monde vivant, jubilatoire,  dans le monde de l'acceptation de ce qui est, sans aucune réserve . 

 
                                                            Anurachala , la colline de Shiva

C'est comme si en partant il avait emmené mon égo, comme si la première fois, il m'avait sortie d'une prison, libérée, ouvert des horizons à peine croyables et, comme si la deuxième fois, il m'avait offert une souveraineté ripolinée qui m'a permis d'entrer au royaume enchanté de la sacralité. Où je me promène joyeuse, émerveillée. Bienveillante. souriante d'après ce que l'on dit. Prête à pousser et à passer la porte qui me mènera d'ici à l'autre paradis. Prête à me rendre à l'âme. 


                                                              Le Mont Fuji

Alors si je le voyais ce soir je lui dirais encore et encore "Merci ".  Tout ce que je suis c'est à lui que je le dois en grande partie. Il m'aura comme "mise au monde" en me remisant.  Il m'aura éveillée quand j'étais endormie . Forcée à avancer, boiteuse ou pas,  jusqu'à me rendre forte de ce que j'ai vécu.  Permise de devenir qui j'étais vraiment. Contrainte à laisser derrière moi, bien de fois,  tout poids d'un passé révolu  Me laissant dépouillée de tout besoin de plaire, de posséder, de toute envie de garder qui que ce soit, quoi que ce soit. qui ne me revient pas. Me rendant à moi-m'aime. Me guidant ainsi vers une liberté que je n'aurais jamais osé espérer.  Merci. Merci. MERCI.

Et se ce n'était qu'un prêté pour un rendu, si, en d'autres temps, en d'autres lieux,  je l'avais moi-même un jour, abandonné , que le courroux des Seigneurs du Karma s'apaise et que le travail accompli serve de compensation, que les compteurs soient remis à zéro : qu'on soit quitte! 

Du haut de mes 81 ans passés , moi qui avais 20 ans quand je l'ai rencontré, je prie, ce soir, pour qu'il soit à tout jamais béni, l'Ami parti.

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