Un enfant retient un papillon doré au creux de sa main
Le premier ouvre la main
L’or coule entre ses doigts
Il ne reste rien
Ou seulement un fragment de lumière
Qui s'élève et disparaît
Le deuxième le porte à son cœur
Le papillon s’y pose
Il y trace des hématomes
Que le temps, prenant son temps, efface
Le troisième serre le poing
Il garde
Il serre, étouffe, écrase
Le papillon meurt
Alors l’ombre se répand dans sa main
Elle entre dans la peau
Chaque chose qu’il touche
se fige
La voix dit :
« Celui qui retient tue.
Celui qui ouvre oublie.
Celui qui accueille porte le signe. »
Trois gestes
Trois enfants
Ou peut-être un seul
Le papillon n’est pas
Ce qu’il semble
Il est
le don,
la mémoire,
la peur
Et toi, que fais-tu de ce que la vie dépose dans ta main ouverte ?
Je ne sais pas
Comment tenir le trésor confié ?
Trop fort, je l’abîme
Trop lâche, je le perds
Trop près, il me mord
Aile, si ce que tu poses en moi doit prendre envol,
que je sache ouvrir la main sans gémir
Si ce que tu poses en moi veut demeurer,
qu’il me traverse sans me détruire
Et si je le détruis malgré moi,
si ma peur serre plus fort que la grâce,
Alors ne m’abandonne pas aux ombres écrivant dans mes paumes
Qu'on m'apprenne à porter l’éphémère
Comme la plume d'un chapeau
À aimer ce qui ne m’appartient pas
À laisser me quitter ce qui vit mieux sans moi
Et si un jour je dois tenir un papillon noir,
Qu’il me métamorphose à travers la nuit
Sans jeter la clé de la crypte
Transmis par Maela P.

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