Ce qui me bouleverse chez Thérèse de Lisieux, c’est qu’avec une candeur de petite fille, elle remet d’un seul coup toute sa vie et son cœur entre des mains qui, peut-être, n’existent pas. Elle est une héroïne de l’innocence. Elle a joué à la marelle avec sa propre vie, elle a tout de suite lancé le palet au paradis et elle a sauté sur le ciel. Elle a été prise dans la grâce comme dans un accident : quand la tuberculose a changé ce paradis en enfer, elle ne s’est pas révoltée. Mais d’abord, elle a été guérie par le sourire d’une vierge de plâtre au goût très convenu qui, parce que c’était une statue de la Vierge, lui a ouvert les portes d’un ciel que la mort s’apprêtait à fermer. Là toute ma bibliothèque tombe en pièces, parce que je suis devant une innocence phénoménale. C’est bien plus bouleversant que le génie d’Einstein. Elle prend tout à la lettre à un point tel qu’elle la fait éclater et que la lettre s’enflamme. Il ne reste que le plus pur, comme un parfum. La naïveté a ses bornes mais la candeur est toute nouvelle. Thérèse de Lisieux a une bêtise transcendante : elle croit aux boutons d’or, au ciel et aux anges, et cette bêtise est adorable parce que la plupart du temps la bêtise des hommes est bestiale. L’aimer, c’est reconnaître en nous quelque chose de plus grand que l’intelligence. »
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