jeudi 25 juillet 2024

Némo



 Vos débuts cinématographiques se font sous la tutelle de votre mère, Emmanuelle Bercot, réalisatrice du long métrage Elle s’en va (2013). Dans ce film on vous retrouve dans la peau de Charly, petit-fils de Catherine Deneuve…

À cette époque j’avais 11 ans, j’étais très petit. Catherine Deneuve est une icône pour beaucoup de Français et j’avais l’idée que j’allais être impressionné. Cette femme c’est une gravure, une perfection… Je me souviens que sur le premier jour de tournage je lui ai renversé du café sur sa robe et, en retour, elle m’a offert un sushi. J’ai passé le reste du tournage sur ces genoux (rires). Catherine Deneuve est quelqu’un que j’ai recroisé souvent et qui a beaucoup collaboré avec ma mère. Pour moi, ça restera ma grand-mère au cinéma toute ma vie.

Quelques années plus tard, vous jouez cette fois-ci dans le film biographique La promesse de l’Aube dans lequel vous interprétez le rôle de Romain Gary enfant. C’est une consécration ?

Oui, en quelque sorte. Malgré mon jeune âge j’étais déjà beaucoup plus réfléchi. À onze ans on a encore l’insouciance de la jeunesse, à seize ans je me souviens avoir beaucoup préparé mon rôle. Je me revois lire tous les romans de Romain Gary pour m’imprégner du personnage. Sur le tournage on était trois à l’interpréter, dont Pierre Niney. C’était important qu’il y ait une continuité entre nos différents personnages.

Qu’avez-vous pensé de l’accueil réservé par le public nîmois à Elle s’en va, projeté ce lundi 23 juillet aux Jardins de la Fontaine ?

Ça faisait vraiment du bien d’entendre une foule rire ensemble. J’ai été très ému de voir toutes ces personnes qui étaient là pour venir voir du cinéma. Ça fait extrêmement plaisir. Je trouve ça très cool d’expérimenter cette communion avec le public. Puis les conditions étaient excellentes. J’avais un petit peu peur de la qualité du son mais tout était parfait

En parlant de son, la musique occupe aussi une place importante dans votre vie…

Je crois que tout mon attrait est né des comédies musicales. J’ai commencé par faire les trois ensemble : jouer, chanter et danser. C’est comme un amour commun qui s’est dissocié avec le temps. Depuis tout petit, je suis sensible à la musique et notamment au jazz. Chez moi il y a toujours un fond sonore, même pour m’endormir. Le silence n’est pas quelque chose avec lequel je suis à l’aise.

Cette année vous avez joué dans trois films mais aussi au théâtre… tout en poursuivant vos études !

Je suis encore étudiant au Théâtre national de Strasbourg (TNS). Parallèlement, j’ai joué dans le nouveau film d’Houda Benyamina, Toutes pour une, qui est une adaptation des trois mousquetaires au féminin. J’ai aussi tourné avec Vincent Maël Cardona dans Le Roi Soleil, un huis clos déjanté dans lequel je joue le rôle d’un gros caïd. Plus récemment, j’ai fini de tourner au mois de juin dans l’adaptation du livre de Fatima Daas La petite dernière, réalisé par Hafsia Herzi. Ce sont des gens dont j’ai adoré les films et dont le travail est formidable. Mais ma vie tourne aussi autour du théâtre, et je le dois à ma mère. C’est elle qui m’a poussé à m’inscrire aux Cours Florent il y a quelques années. Être acteur de cinéma et de théâtre sont deux métiers distincts et j’ai beaucoup de chance d’avoir commencé par le cinéma. Mais aujourd’hui, l’essence du jeu je la trouve sur les planches. Ça fait six ans que je fais du théâtre et ça me fascine toujours autant. Entre l’un et l’autre, je préfère ne jamais avoir de choix à faire…

Quel regard portez-vous sur votre enfance ?

Si c’était à refaire je le referai sans hésiter. J’ai commencé à travailler très jeune, à 11 ans, et j’ai réussi à tout gérer sans être en échec scolaire ce qui est un exploit (rires). Aujourd’hui j’ai vingt-quatre ans et je comprends que j’ai eu un parcours singulier, surtout quand je discute avec d’autres personnes de mon âge. J’ai l’impression d’en avoir dix de plus. Mais je ne regrette vraiment rien.

Et passer derrière la caméra, on y pense ?

Bien sûr, mais il faut faire les choses dans l’ordre et prendre son temps. Au fond de moi, je suis persuadé qu’un jour je réaliserai une comédie musicale et que je déclarerai mon amour publiquement pour ce style que je trouve grandiose et qui m’a bercé plus jeune.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire