Tushar s'est permis de venir me voir dans ma chambre, ce qu'il ne fait jamais, intrigué qu'il était par ce que je faisais depuis une demie-heure assise sur mon lit à jouer avec des petits cachets . J'organisais ma pharmacie du mois. Il n'avait visiblement jamais vu de pilulier ! Le voilà fasciné . Ca valait un selfie apparemment pour sacraliser le moment.
Presque tous les jeunes gens qui travaillent dans les "ressorts" à Goa ( de loin le plus petit des Etats indiens) pendant la saison viennent d'Etats parfois très éloignés, laissant derrière eux pour 6, 7 ou 8 mois leur famille, certains leur femme et leurs enfants. Il n'y a pas de travail au pays, alors ils en trouvent ici. Ils semblent tous très fiers de leurs Etats respectifs et ne parlent que de çà , comme font les émigrés dans le monde entier. Tushar vient du Penjab. Julie et Somesh du Karnataka, Srikant du Tamil Nadu, Rahul de Delhi .Papu vient du Laddakh, Manosh du Gujarat, Mohan d'Himachal Pradesh, Anil du Kerala. Chacun vante son territoire et ne rêve que d'y retourner bientôt et d'y construire un jour une " vraie" maison. La plupart sortent de petits villages isolés, travaillent depuis qu'ils sont enfants, ne sont jamais allés à l'école . Leur anglais est plus qu'approximatif. Ils me disent qu'ils ne reviendront pas l'année prochaine, c'est trop loin de chez eux mais ils ont déjà dit ça l'année dernière, et l'année d'avant aussi, alors probablement reviendront.-ils. Il y en a quelques-uns pour qui c'est la vingtième saison. Ils réfléchiront pendant la mousson !
Pour le moment leur téléphone et le coup de fil quotidien aux épouses font qu'ils tiennent, mal logés, entassés qu'ils sont le plus souvent, soumis à des horaires de dingue mais nourris et espérant que les pourboires des vacanciers arrondiront les salaires minimaux. Eux aussi l'avalent la pilule. Le sourire aux lèvres tout le temps..
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