J'ai eu à faire à elle ce matin
Toujours à la recherche d'un tampon qui serait apposé sur ce certificat de vie , je me suis retrouvée chez le Collecteur c'est à dire dans les bureaux d'un chef de district ( la tête de l'administration du district ) dont une des fonction est de récolter les taxes et les impôts divers qui semble être aussi un magistrat. Il dépend d'un Commissaire Divisionnaire
De bureau en bureau, de responsable en responsable , une signature et un coup de tampon qui devraient prendre 30 secondes, disons une minute si l'on inclut le merci chaleureux ! a pris une petite heure , avec des précautions inimaginables ....Par exemple une demande écrite de ma part, pour rendre cette opération possible, une photocopie du document à remplir et avant et après, une photocopie du passeport, une photocopie du visa , ci et là ma signature, une photo du préposé me donnant le papier, une photo de moi prenant le papier.
Dans des bureaux si vétustes, si poussiéreux, si pleins d'heureux fonctionnaires qui ne s'affairaient guère , ( il y avait par bureau une douzaine ou une dizaine de collaborateurs ) l'on pourrait s'attendre à voir Gandhi sortir en personne de derrière un rideau . On eût dit que la la bureaucratie indienne, survivance d’un ordre colonial suranné était en pleine crise existentielle. " Un symbole de l'obstruction au progrès" comme j'ai lu quelque part . Un immobilisme contagieux . Mon papier passait de main en main . Chacun des bureaucrates écrasé de chaleur, mal assis, mal éclairé me redemandait en quelle langue il était; en français ! Je soulignais à chaque fois, que toutefois, en italique, tout était traduit en anglais, juste au-dessous de chaque phrase mais pour certains c'était visiblement du chinois et les autres ne semblaient pas avoir les lunettes nécessaires pour lire les caractères minuscules, je dois dire .
Chacun était fort civil, aimable même, curieux de me voir déambuler de l'un à l'autre entre deux cannes , soucieux de devoir me laisser debout par manque de chaise supplémentaire. Un officier me conduisit finalement m'asseoir sur le palier qui servait de salle d'attente . Pendant que le chef des chefs décidait s'il allait prendre le risque de me déclarer vive ou pas ! Il l'a pris et le tampon le garantit.
Les locaux étaient tellement d'un autre âge que j'aurais pu m'endormir sur le palier telle une vieille Belle au bois dormant en attendant que ces fonctionnaires visiblement issus de la petite classe moyenne se réveillent pour entrer en trombe dans le système MONDE .
Toute une expérience qui me laissera l'impression , peut être fausse, que pour le pays tout émergeant qu'il soit, cette lenteur d'exécution, cette léthargie communicative, cet ordre conservateur ralentiront les projets et retarderont les progrès . Tout m'a semblé inadapté à la technicité nouvelle. Je n'ai vu que des dossiers poussiéreux sur ces bureaux d'un autre âge et des téléphones ; pas de scanner, pas d'ordinateur, pas d'imprimante, en vue du moins . Evidemment je dois signaler que je ne suis ni à Delhi, ni à Bombay, ni à Bangalore ni à Madras mais à Canacona - la région la plus sud de l'état de Goa- Canacona est une ville ( Chaudy) où siège un conseil municipal( Taluk ou Taluka ) qui comprend quelques villages comme Patnem, Palolem, Agonda . Chaudi 12000 habitants est la ville la plus développée de ce taluka. Avec le samedi un marché très fréquenté et très achalandé. J'ose espérer que dans les grandes villes la fonction publique est plus efficace .
La haute bureaucratie indienne a longtemps été considérée comme un corps d'élite à l'égale de notre énarchie française
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