Lorsque j'avais entre 40 et 50 ans un de mes passe-temps et service favoris étaient d'accompagner les mourants. Je me réjouissais tant pour eux que j'avais acquis ce don de les entraîner joyeusement vers la sortie. De leur prouver aussi à quel point leur vie n'avait pas été vaine. Nous regardions les albums de photos, relisions les lettres, mesurions le chemin parcouru. J'ai eu le bonheur d'accompagner entre autres, la maman de Michel Picoli et le professeur de piano de Michel, Madame Courbin, qui le dernier soir me prit pour ma belle soeur et partagea de bon coeur avec moi tout le mal que famille et amis pensaient de cette "pauvre fille" !
Mais je me souviens d'une dame que j'accompagnai jusqu'au dernier moment et qui, comme ma belle mère, la veille de son grand départ, était si radieuse qu'elle illuminait la pièce, littéralement. Un peu comme si elles avaient eu l'âme juste au bord des yeux.
Elle était si belle , si belle que je n'en revenais pas et que je ne cessais de le lui dire.
- Mais Madame de Rouvres comme vous êtes belle !
Une fois, deux fois, dix fois !!! Ca finit par l'exaspérer et elle s'emporta :
- "Ca suffit Anne. Arrêtez avec ça ! Il ne manquerait plus que je ne sois pas belle alors que j'ai mis 90 ans pour y parvenir ! "
Je pensais la même chose en finissant le post précédent : " Encore heureux Anne, que tu parviennes à installer un peu d'équanimité, dans ta vie, ça fait plus de 40 ans que tu travailles sur le détachement, au moins 30 ans que tu le fais, quotidiennement, consciemment. Ce fut le travail de toute une vie. Il ne manquerait plus que tu n'y parviennes pas, vu le temps passé à ça !
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