Mon Roi (Chérie 25) - Emmanuelle Bercot : "J’étais persuadée qu’à l’écran mon couple avec Vincent Cassel ne serait pas crédible"
Les histoires d’amour finissent mal… en général. Et, à coup sûr, lorsque le verbe "aimer" se conjugue en mode toxique. Tout avait si bien commencé entre Tony, l’avocate réservée, et Georgio, le restaurateur flamboyant à qui rien ni personne ne peut résister, tant son charme irradie. Qu’un tel homme la choisisse a évidemment intrigué cette trentenaire introvertie. Pourquoi elle ? C’est la question qu’Emmanuelle Bercot, cinéaste et scénariste reconnue, a posée à son amie Maïwenn (elles ont coécrit ensemble Polisse), qui l’a choisie pour interpréter le rôle de cette femme amoureuse sous influence. "J’étais persuadée, à tort, qu’à l’écran le couple ne serait pas crédible. Un Cassel ne pouvait pas tomber amoureux d’une Bercot ", confie-t-elle. Faux, lui répond la cinéaste :"Emmanuelle a un regard très innocent qui correspondait exactement au personnage de Tony, qui a des rêves romantiques de petite fille : c’est pour ça qu’elle ne se remet pas de ce que lui fait vivre Georgio."
Une passion destructrice
Au contact de ce mec plus ultra, Tony se sent pour la première fois femme et s’aperçoit qu’elle n’avait jamais aimé avec un grand A. Georgio embellit sa vie, en fait un conte de fées et, se faisant, lui fait perdre, petit à petit, ses repères et l’éloigne de ses proches. Tony n’ouvrira les yeux qu’après un accident de ski survenu après une énième crise conjugale dont l’intensité n’a cessé d’aller crescendo. Car, après les premiers mois idylliques, un mariage parfait, les deux amants ont été rattrapés par le tempérament erratique et autocentré de Georgio. Immobilisée dans un centre de rééducation, la jeune femme, en pleine reconstruction, physique et psychique, repasse le film de leur histoire d’amour chaotique.
Même si la réalisatrice reconnaît que le personnage de Georgio, incarné à la perfection par Vincent Cassel, est un pervers narcissique, elle ne conçoit pas son film comme une radiographie de cette pathologie, mais plutôt comme l’autopsie d’une passion destructrice, la peinture d’un amour impossible. C’est le point de vue qu’a choisi l’acteur, qui s’est fait l’avocat de Georgio : "Mon personnage n’est pas un salaud", clame-t-il. À ses yeux, c’est un homme qui jongle avec toutes ses contradictions, c’est un jouisseur sans entraves, qui comprend qu’il fait du mal mais ne peut pas faire autrement. On peut lui objecter que l’on ne partage pas son analyse.
Reine de Cannes
À l’écran, chaque scène est d’une vérité troublante. Formée à l’école de Claude Lelouch, Maïwenn est adepte du cinéma vérité : tout est écrit, mais ses acteurs improvisent avec leurs mots et, forcément aussi, leurs maux. La cinéaste laisse tourner la caméra, pousse ses acteurs dans leurs retranchements. Et Cassel apprécie cela : "Maïwenn veut que ça déraille, qu’il y ait des incidents… " Emmanuelle, elle, reconnaît être sortie épuisée épuisée du tournage : "Avec Maïwenn, on vit autant qu’on joue. On ne triche pas. Les scènes, très dures émotionnellement, me vidaient." L’actrice sait ce qu’elle lui doit : son meilleur rôle, et la preuve qu’elle est aussi une grande actrice. À Cannes, le jury l’a sacrée reine du festival 2015 en lui décernant le Prix d’interprétation féminine.
Mon Roi : jeudi 27 juin à 21h05 sur Chérie 25
Julien Barcilon
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