L'actrice révèle le clown qui est en elle
EMMANUELLE BERCOT, ACTRICE ET RÉALISATRICE :
« LA COMÉDIE, C'EST PARTICULIER CAR JE ME TROUVE EN SITUATION DE DÉBUTANTE ».
PHOTO MICHÈLE BLOCH-STUCKENS
Guénaelle Daujon
À l'affiche de la comédie « L'Esprit Coubertin » de Jérémie Sein, la réalisatrice et actrice, Emmanuelle Bercot, ose une nouvelle partition de son jeu, en interprétant la coach sportive délurée d'un jeune prodige du tir (Benjamin Voisin), dernier espoir de médaille d'or pour la France aux JO de Paris.
Depuis « Making of» de Cédric Kahn ou « Sentinelle » avec Jonathan Cohen, on vous voit de plus en plus dans des comédies. Qu’est-ce que ça ouvre de nouveau chez vous ?
Depuis toujours, mes amis me disent queje devrais en faire mais jusque-là, on ne m'en proposait pas... (rires). Peut-être est-ce mon âge, mais depuis deux ans, les comédies viennent à moi. C'est particulier car je me trouve en situation de débutante. La comédie est une technique précise, où il faut un certain lâcher-prise, ne pas avoir peur du ridicule ou d'être à côté. II y a un plaisir du risque qui demande à ne pas se brider. C'est un exercice de dés-inhibition.
Cette comédie « potache et anxieuse » comme la définit le réalisateur, a-t-elle révélé le clown qui est en vous ?
Oui, mais ça se fait petit à petit. Pour faire ce métier, il faut rester profondément un enfant. Comment croire à cette coach de 50 ans qui se comporte comme une ado ? Il faut y aller à fond et, si l'on est sincère, ça fonctionne !
« L'Esprit Coubertin » est un film anti-sport, sur « la loose à la franşaise »... il
revendique un humour « cringe » : qu'est-ce que c'est ?
J'ai découvert ce ton que je n'ai jamais vu en France. C'est un humour malaisant, dérangeant dans la tradition des films américains de Judd Apatow, des frères Farrelly ou de Will Ferrell. Le sel du film, surtout dans le contexte des JO de Paris, c'est que l'on y incarne des baltringues, des bons à rien, à l'opposé de la légende du monde sportif.
Le film sort le jour où la flamme olympique arrive en France, était-ce un calendrier prévu ?
Non, pas du tout ! Lorsque le réalisateur a commencé à écrire, il ne savait même pas que les JO allaient s'organiser en France. La simultanéité est dingue.
Vous y êtes tous un peu moches, décomplexés, paumés... Est-ce ce contre-emploi qui vous a plu ?
Le réalisateur a tordu tout ce que l'on nous transmet de la discipline sportive. Ici, ils font la fête et boivent de l'alcool, à l'opposé de la rigueur et de la conduite de santé des sportifs. Ils sont plus là pour s'amuser que pour gagner.
Benjamin Voisin dit avoir pris des risques et que certains jours, il se demandait ce qu'il faisait là... et vous ?
Moi aussi, (rires) mais Benjamin était à fond dans la caricature. Moi, je n'avais rien d'absurde à jouer, j'étais moins décalée. Même si mon personnage est immature, déjanté, il a moins de comportements étranges. Lui avait une partition faite de mimiques, de tics. En voyant le film, j'ai été bluffé, on y croit totalement.
Quand on a votre expérience de réalisatrice et que l'on joue dans un premier film, est-ce que l'on donne des conseils ?
Quand je suis comédienne, j'éteins mon cerveau de réalisatrice. Je me mets au service, je ne suis qu'un instrument du film. Mais, comme la mise en scène me passionne, dans les moments d'attente, je reste sur le plateau. Je suis attentive au découpage du réalisateur. Sans jugement. En revanche, si je vois un jeune réalisateur galérer, de façon amicale, je donne mon avis. C'est très dur de réaliser un film, encore plus un premier, alors tout ce que je peux faire pour aider, je le fais.
« L'Esprit Coubertin »
De Jérémie Sein avec Benjamin Voisin , Emmanuelle Bercot , Grégoire Ludig , Laura Felpin - Sortie en salle le 8 mai 2024
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