A 20 ans j'immigrais à New York Ce serait aujourd"hui quasi impossible de concevoir que j'aie pu débarquer à New York, avec 500 francs en poche, sans connaître physiquement personne ! Un certain Roger Gourin, ami de mon oncle Germain m'avait servi de parrain et eût été en cas de problème responsable de moi, s'étant porté garant de ma bonne moralité afin que j'obtienne la précieuse carte verte, mais il habitait Long Island (ou le New Jersey je ne me souviens plus). Je ne le rencontrerai que plus tard .
J'avais travaillé tout l'été comme serveuse à l'hôtel restaurant "La Duchesse Anne," à Beg Meil mais le trajet en bateau m'avait coûté les deux mois de salaire, pourboires compris .
J'avais tous les toupets En sortant du bateau, ayant chopé au vol une adresse sur une valise, je prétendis que justement j'alais, ( quelle coincidence! ) là où son propriétaire se rendait . Ce monsieur, déjà âgé, proposa du coup, juste comme je l'espérais, de m'y déposer. C'était au coin de la 11ème rue entre la 4ème et la 5ème avenue. Je ne savais même pas que je débarquais à East Greenwitch Village !!!! Il y avait un pub qui s'appelait le "Cedar Bar". J'y suis rentrée et me suis assise sur ma valise. Ne me dites pas qu'il n'y a pas de Bon Dieu : c'était un pub irlandais . Au bout d'une heure j'étais rassasiée, logée pour la nuit chez un Peter Conneely, et prête dès le lendemain à chercher du boulot. Je venais pour faire du théâtre, pour m'inscrire à l'Actor Studio ; il fallait avant tout que je gagne ma vie, que je me loge. Pour les trois nuits à venir avec mon peu de deniers je trouvai un lit dans une maison pour jeunes filles dirigée par des bonnes soeurs. Je partageais ma chambre avec une jeune coiffeuse anglaise qui me rendit rousse en un tour de main. J'avais trouvé un job ponctuel chez un fourreur : présenter des fourrures le samedi aux clientes potentielles en défilant dans sa boutique. Le soir je retournais au Cedar Bar. Un Irish cob me dit , le 2ème jour, avoir une petite idée. Il y avait une actrice qui habitait la rue. Elle avait 3 enfants qu'elle avait eus avec un Français . Elle venait de lui dire qu'elle cherchait une fille au pair qui serait logée, nourrie ! Si elle pouvait parler français ce serait top. Le salaire était de 100$ par semaine. Est-ce que ça m'irait ? Ca m'allait tout à fait .C'était bien lus que ce que je pouvais gagner en Bretagne. Le soir suivant, j'étais chez elle, j'allais dire "j'étais chez moi " (car j'avais une chambre indépendante) et ma " patronne" qui avait 35 ans (et que je trouvais vieille !!!) me plut infiniment .
Sur la photo suivante vous la reconnaissez au centre. Et devant elle ses 3 enfants qui allaient devenir mes amours pour près de 2 ans . Je les considère encore comme les premiers enfants que j'ai eus.
Elle s'appelait Théodora Flynn. D'ascendance irlandais On l'appelait Teddy Bergery . Ils s'appelent Benjamin, ( à droite) Nicholas et Annie Bergery . Elle était divorcée de leur papa un photographe de renom qui vivait à Paris Elle était comédienne. Quand je les ai rencontrés ils venaient de déménager à l'ouest du village, 11ème rue, entre la 6ème et la 7ème avenue. Ils terminaient cette expérience du cirque familial. Les enfants avaient 6, 9 et 11ans
Nicholas a posté la photo sur internet après l'avoir colorié je suppose et voilà ce qu'il dit :
" Early in the 60's Teddy produced her lauded family circus like ones she'd seen in Paris. But she had a grander vision in mind of showing the history of theater from circus on. She planned to make her whole world theater, from owning and running it, to living over it and acting in it with all her kids.
Just before St. Marks Place became the next wave, Teddy bought a large four-story building there near the Russian Baths where Russians still bathed. The Bergerys lived in one of the apartments above the first floor that had a separate entrance to a small theater. The basement below housed the whole performing Gangler family as well as their entourage of thirteen jumping dogs who leapt through hoops, slid down slides and counted numbers by barking till they grew hoarse; a three-hundred pound dusty black bear; a quietly munching llama who preferred curtains to food; a spotted pony, and several clinging, very needy monkeys. This was the Family Circus my Mother created and produced in the Theater she owned on St Marks Place (where Trash and Vaudeville clothing store was located) in New York City's East Village circa 1960's. I was the sad hobo clown, my brother the Magician's assistant, my sister the clown ballerina, my Mother the juggler's assistant, my surrogate step father the Folk singer. The Gangler Brother Circus provided all the trained animals who performed tricks, talking acrobat dogs, pony, lama, bear."
J'ai tant et tant aimé ce Nicholas que 60 ans après il ne se passe pas une journée sans que je ne lui envoie de bonnes pensées.et je ne m'endors jamais sans l'avoir "confié".Il est peintre , photographe aussi . Il vit à Key West , en Floride. Je l'aime encore.