Les lucioles de l'espoir
Enfant, né et élevé dans un petit village perdu au fin fond de la Kabylie, je révisais mes cours à la lueur d’une bougie car le réseau électrique de l’État n’était pas arrivé chez nous. La nuit, l’été, ma mère m’autorisait à jouer au stade avec mes copains jusqu’à 23 heures. C’est grâce aux lucioles que j’arrivais à lire l’heure sur ma montre et à emprunter sans risque le sentier du retour. J’étais tellement fasciné par ces bestioles qu’une nuit j’en ai enfermé une dans un pot. Ma déception fut grande de découvrir le lendemain un insecte volant, presque insignifiant, éteint le jour et qui ne diffusait sa petite lumière que la nuit.
C’est plus tard que j’ai tiré la morale de cette histoire : quelle que soit l’épaisseur des ténèbres que l'être humain traverse, il y aura toujours une luciole cachée pour lui servir de phare. Elle lui montrera le temps exact et la route à suivre.
Les lucioles sont partout dans le monde. Le jour, elles disparaissent ; la nuit, elles dissipent le doute et la peur et orientent les humains.
Voici ma conviction : la révolte dépourvue de tout désir de paix n’est qu’un vacarme de train rouillé en partance pour le néant. Si tout au long de mes écrits j’ai jappé comme un tigre ivre, c’est dans le but de faire naître un monde meilleur, non pas parfait, mais moins laid que celui d’hier, non pas froid, mais plus chaleureux que celui que l’on nous propose. Et j’ai beaucoup de raisons d’y croire. L’histoire regorge d’exemples démentant le fatalisme qui nous habite comme une tumeur. Le nazisme, par exemple, que l’on croyait éternel, a fini par être terrassé par un sursaut de dignité, lequel a donné naissance à un grand rêve européen.
L'être humain est comme un ballon, plus il tombe de haut, mieux il rebondit. Face aux horreurs, il sait trouver en lui l’étincelle divine pour se surpasser...
Photo : Conservatoire de Paris 5ème, 16 avril 2023.
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