1 ) L'Inde est un pays empli de rites, de traditions et de pratiques basées sur la bienveillance et le partage. La famille y est donc très importante. Beaucoup de jeunes même encore aujourd'hui font confiance à leur famille pour leur trouver la bonne épouse ou le meilleur époux . Et si ça se fait moins depuis une ou deux décennies, les plus âgés qui en ont l'expérience le déplorent, car apparemment ça marchait vraiment bien cette vocation de départ à s'entendre. A faire de la limonade avec les citrons sans rêver d'orangeade. 9 mariages sur 10 sont encore arrangés, ça ne veut pas dire forcés. Avant le mariage plusieurs rencontres sont organisées. Il y a tout un temps de réflexion. Les jeunes gens ont été assemblés le plus souvent avec le concours d'un astrologue qui étudie les compatibilités des thèmes, souligne les mauvais penchants à corriger, les qualités à exalter. Et l'aventure peut commencer avec les sacrifices qu'elle implique puisque l'on a choisi de rendre l'union sacrée! Perçue comme un acte de bienveillance pour la progéniture. Il n'y a qu'environ 7% de divorce, chiffre qui a septuplé ces dix dernières années car en 2012 le taux officiel n'était que d'1,1% sans doute aussi à cause des traditions, des liens entre les familles, des choix faits après réflexion, de la dépendance financière de l'épouse aussi parfois.
Cela peut nous surprendre mais ils sont tout aussi surpris que nous puissions encore nous laisser avoir par le mariage d'amour que l'on prône tant à l'évidence car il n'y voit la plupart du temps qu' une illusion passagère à laquelle nous nous laissons prendre avant de nous en mordre les doigts et de soit se séparer, soit commencer le vrai travail qu'eux entament tout de suite : devenir pour l'autre le meilleur compagnon qui soit, celui qui lui permettra d'être au mieux de lui-même et de manifester au mieux son talent.
Michel disait toujours que le mariage ne devait pas être fondé sur une inclination émotionnelle , encore moins sur une attraction physique mais au moins sur un choix réfléchi si ce ne pouvait l'être sur une vision spirituelle . Il faut dire qu'il était un peu indien non ?
Je le lui disais souvent ; quelques heures avant de mourir , revoyant ses vies je suppose, il me dit que j'avais raison, qu'il venait bien des "Hauts Plateaux ".
2 ) Ils ont du mal a comprendre pourquoi je ne vis pas avec mes filles.
Bien sûr, Mandy aurait largement les moyens d'avoir son propre appartement, après 25 ans de pratique, mais ca ne lui viendrait pas à l'idée de laisser ses parents vieillissant seuls alors il vit chez eux comme la chose la plus naturelle du monde; comme ça se fait ici; comme je l'ai fait aussi. Chacun a une chambre à un bout et à l'autre de l'appartement ; la cuisine et le salon et la salle d'eau les séparent. Chacun se sent à l'aise de rester dans son coin quand bon lui semble et bien sûr d'aller venir à sa guise. Jamais une ombre. Beaucoup de respect, d' écoute mutuelle et de reconnaissance. Ni critique, ni remarque désobligeante. Jamais un mot sur l'épouse qui s'est enfuie, tentée par la vie occidentale. Puisque la maman d'Asmi , n'ayant pas eu le courage de refuser alors le beau et bon parti arrangé est, au bout de quelques années, partie en Australie, les grands parents trouvent de leur responsabilité de participer à l'éducation de cette brillante jeune femme qui sera psychologue.
"Cette structure familiale indienne peut surprendre, mais il faut comprendre que la famille constitue l'unité de base de la société indienne, elle est plus importante que l’individu lui-même (on est donc loin de l’individualisme, caractéristique de l’Occident). La famille prend en effet les fonctions de protection qui ne sont pas fournies par le gouvernement et soigne les malades, héberge les personnes âgées, et prend en charge les chômeurs. L’Indien vit dans sa famille, par sa famille et pour sa famille."
Depuis des générations les cousins et cousines de cette famille sont tous intensément liés. Les réunions nécessitent un peu d'organisation, tant ils sont nombreux, mais elles sont régulières. Si je demande à Anuradha si elle aime bien ses belles-soeurs, elle trouve ma question plus que saugrenue : déplacée ! Si vous n'aimez pas tout un chacun , surtout les gens de votre famille c'est que vous avez du travail à faire sur vous , c'est que vous avez à ouvrir plus votre coeur. Ca va de soi, Missis Ketkar !
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